Au détour d'une plume. ft Charlotte Kehlmann

La mère de Jeffrey était née le 5 juin, son anniversaire se rapprochait donc & il était normal que son fils unique lui acheta un cadeau. Cette année, il avait opté pour un chapeau fait par un grand couturier de Londres & il lui fallait donc choisir les plumes. Il s'était rendu chez le plus grand plumassier de Londres afin de trouver la perle rare. Lorsqu'il entra, trois ladies & une servante se pressaient autour de plumes mutlicolores, c'était comme un arc-en-ciel qui transportait toutes les jeunes filles dans un rêve, celui de la mode & du chic.
Jeffrey poussa la porte du magasin & une femme vint à sa rencontre, un large sourire aux lèvres. "Monsieur. puis-je vous être utile ?" - "J'aimerais les plus belles plumes que vous possédiez, le prix n'importe en rien." Il suivit la vendeuse qui l'emmena dans un coin à droite, devant lui se tenait des plumes de tout genre. Il informa que c'était pour un chapeau beige. La vendeuse le conseilla, mais il y avait tellement de choix qu'un moment de rélfexion s'imposait ; elle le laissa donc seul avec ses pensées. Ses mains parcouraient les plumes, certaines étaient douces, d'autres plus rêches. Il remarqua une plume bordeau et rouge, & ne savait à quel oiseau elle pouvait appartenir. Il la prit dans ses mains, puis la reposa .. & le reprit encore une fois. Jeffrey pouvait être indécis pour des choses futiles .. enfin pas si futiles que ça, le présent pour sa mère était important. Il voulait à tout prix lui faire plaisir. Il mit donc de côté la plume rougeâtre & balaya les autres modèles du regard .. Il ne savait que choisir, il lui fallait des tons chauds. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux & très sérieusement essuya le verre de ses lunettes noires.

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Le Comte de Postel était d’une générosité sans borne avec Charlotte lorsqu’il s’agissait de la vêtir.
Il aimait l’écouté parler mais seulement si elle était bien vêtue, il aimait la sortir au restaurant mais uniquement lorsqu’elle était apprêtée…
Cet homme de lettres donnait autant d’importance aux apparences qu’a l’intellect et il ne payait pas Charly pour sa culture. Bien qu’il fut parfois étonné des dires de la demoiselle.

Ainsi, lorsqu’il fit déposer assez d’argent devant sa porte pour qu’elle soit présentable à la réception à laquelle il l’emmener le soir même, la jeune blonde n’hésita pas quant au but qu’elle donnerait à ses billets…
Un manuscrit. Elle acheta un manuscrit. « Il n’y a rien de plus présentable qu’une femme avec de la conversation » avait dit son père un soir d’ivresse. La jeune courtisane n’avait jamais oublié cette phrase.
Le comte aimait s’afficher à ses cotés mais n’était pas le plus érudits des hommes en ce qui concernait la mode. Elle mettrait une des robes qu’il n’avait pas vu, changerait sa coupe de cheveux ou endosserait un chapeau. Un chapeau…

Baladant ses doigts sur les plus grandes plumes colorées du magasin, la jeune femme subissait ce regard qu’avait les vendeuses, celui qui disait « vous n’avez rien à faire là … » mais elle s’y était habituée, avait pris le temps de l’apprécier même ! Qu’on parle d’elle était plus agréable que d’être invisible au monde finalement.

« Si le chapeau est beige alors la plume rouge devrait s’accompagner de rose et d’écru » dit simplement Charlotte à l’attention de ce séduisant dandy qui semblait donné tant d’importance au détail qu’était une plume.
Elle lui sourit poliment, comme une enfant.

Son regard se posa alors sur la Demoiselle ; elle était blonde & son visage était comme celui d'un enfant. Le teint frais, de grands yeux bleus, un nez retroussé & une bouche pulpeuse à souhait. La jeune fille bien que très jolie ne ressemblait en rien à une Lady, bientôt Jeffrey comprit que c'était une courtisane. Elle l'avait conseillé sur les couleurs des deux autres plumes à choisir & son sourire ne collait pas avec son statut dans la société.

" Rose & ecru ? Je dois avouer que je n'y avais pensé. "

Il sourit à son tour, timidement car Mr Smith n'était en rien un homme de fougue. On aperçevait quelques unes de ses dents blanches qu'il soignait tant ; son regard se posa une énième fois sur les plumes & il en distingua alors une écrue. Il la prit et la tendit à la courtisane.

" Une comme celle-ci conviendrait parfaitement .. "

Il attendit son avis ; au loin la vendeuse le regardait de côté, un sourcil fronçé, les bras croisés. Il lui sourit poliment & elle comprit qu'elle n'avait pas besoin d'intervenir. Lorsqu'un Dandy s'adressait à une courtisane plutôt poliment on laissait alors la Demoiselle tranquille. Le monde est parfois très injuste.
Alors qu'elle contemplait la plume il en chercha une autre, dans les tons roses .. Il en trouvit rapidement une, claire, d'un rose pâle très agréable à l'oeil et l'attrapa soudainement, des fois qu'on la lui vola. Jeffrey avala sa salive, il ne s'était que rarement adressé à une courtisane mais n'avait jamais vraiment ressenti ce mépris courant chez la bourgeoisie londonienne à l'égard de ces femmes, elles faisaient leur travail & lorsqu'elles pouvaient essayaient de profiter des avantges que leur fonctions pouvaient leur apporter.