Clearly I remember... [Santino]

Elle ferma violemment la porte, vêtue d’une longue robe blanche simple, rehaussée par le bleu ciel d’un ruban, impatiente qu’elle était de revoir les rues londoniennes après tant de temps. Jane prit la peine de saluer le cochet et monta dans la voiture imposante. Enfin elle sentirait à nouveau les fragrances de la ville qu’elle aimait tant…l’odeur des multiples parfums de ladies et de dandys mêlée à celle des arbres et autres bosquets, l’odeur du café, de l’alcool à foison aux abords des troquets, celle des tissus soyeux que l’on peut apercevoir en vitrine et bien d’autres. Puis, très vite la voiture s’immobilisa. Jane Carolyn fut d’ailleurs bien surprise d’être sitôt arrivée. Et pourtant, c’étaient bien là les ruelles de Londres, pleines de gens. Le cochet apparut devant la fenêtre et s’empara de la poignée afin de laisser Miss Jane à ses occupations. La jeune femme descendit gracieusement, sa longue chevelure châtain repoussée en arrière par une légère brise. Les yeux bruns de la demoiselle, déjà brillants, ne pouvaient s’empêcher de regarder dans tous les sens, comme si ç’eut été la première fois qu’ils découvraient les lieux. Aujourd’hui, Jane venait à Londres par pur plaisir, sans raison particulière. Le soleil semblait être complice, et il illuminait de tous ses rayons les moindres recoins de la ville anglaise. Les oiseaux chantonnant, quant à eux, avaient tantôt trouvé leur place au sein des arbres feuillus, perchés sur les branches de ceux-ci.

Jane Carolyn emprunta dès lors la ruelle qui lui faisait face. Celle-ci débouchait sur une grande avenue, avenue très fréquentée. A contre-courant, elle entreprit de remonter celle-ci, noyée par la foule. Sa frêle silhouette parvint enfin à se frayer un chemin peu de temps après…quand soudain, son épaule se heurta à quelque chose de dur ou plutôt, à une personne. Le souple coupé par l’intensité du choc, elle se stoppa net. Elle se retourna toutefois rapidement pour tenter de présenter ses excuses à celui qu’elle venait de percuter de plein fouet. Un homme la dominait de toute sa hauteur. Jane releva le visage afin de mieux apercevoir celui du dandy. La jeune femme étouffa une légère exclamation de surprise. En effet, là, devant elle, se tenait un homme qui, il y a de ça quelques semaines, avait croisé son regard sans y prêter trop d’attention à Londres déjà. Jane avait été désarçonnée, elle qui en temps normal tient tête à la gente masculine… La silhouette du dandy avait exercé comme une sorte d’attraction sur elle et voilà que cela recommençait. Plusieurs fois elle avait repensé à son visage si parfait mais jamais elle n’aurait pensé le revoir, jamais. Lui ne se souvenait sans doute pas de Miss Jane, un fait pour le moins normal… La jeune femme mit fin à ses réminiscences qui se bousculaient dans sa tête et tenta de lâcher quelques paroles.

Je.. Veuillez m’excuser…J-je suis désolée.

La brunette ne put le regarder droit dans les yeux, son regard était si intimidant, à la place elle se contenta du sol pavé. Elle replaça hâtivement, une mèche qui lui cachait la vue, derrière son oreille et adressa un léger signe de la tête en signe de politesse avant de s’empresser de tourner les talons.

‘Londres aura ma mort’, pensa-t-elle intérieurement avec ironie.