Lukas était dans son somptueux appartement. L'homme incroyablement cultivé de 31 ans ne cessait de penser à Olga, ses pensées se bousculant dans sa tête, troublant son esprit. Olga ; pauvre fille faisant les trottoirs pour pouvoir continuer à vivre qu'il avait aperçue un jour. Ils avaient couché ensemble, sans argent car c'était de l'amour. C'était la première fois que cela arrivait à la sublime grecque. Il l'avait aimée dès la première seconde qu'il l'avait aperçue. Une sorte de coup de foudre auquel il n'avait jamais cru. Il l'avait séduite pendant des jours et des jours qui étaient vite devenus des mois. Tout en sachant que celle-ci exerçait un métier peu catholique, mais il n'en avait que faire. Et il avait réussi. Elle l'aimait. Ils s'aimaient. Quoi de plus beau ? Sauf qu'elle ne voulait pas de cet amour. Elle disait qu'elle ne le méritait pas, qu'il ferait mieux de se trouver une femme correcte et riche, tout comme lui, elle n'avait rien à lui apporter. Mais Lukas ne voulait qu'elle et elle seule. Ca aurait pu être si facile si elle n'avait pas le don de tout compliquer. Soudain la porte s'est brusquement ouverte pour laisser apparaître une magnifique créature en pleurs. Lukas a pris la belle dans ses bras.
«
lukas c'est horrible ... horrible ... je suis enceinte. »
Lukas est resté muet quelques secondes. Ne sachant pas comment il devait réagir. Il était heureux et triste à la fois. Une larme roula sur sa joue. Depuis le temps qu'il voulait un enfant. Et ce moment était arrivé avec la femme qu'il aimait. Sauf que celle-ci était d'un tout autre avis.
«
c'est merveilleux mon ange. on va pouvoir fonder une vraie famille. tu vas pouvoir arrêter ce que tu fais pour t'occuper de notre enfant. et je veux que tu m'épouses, s'il te plait, épouse moi... »
«
tu sais que c'est impossible, je ne veux pas gâcher ta vie, je ne veux pas me marier, je veux continuer de vivre ma vie de catin. je ne veux pas de cet enfant. je ne veux pas de ton amour. jamais je n'arrêterai et tu le sais... pourquoi ? pourquoi ne me frappes-tu pas comme les autres ? pourquoi ne déverses-tu pas ta haine sur moi ? »
Et elle s'est effondrée au sol. Complètement déchirée.
Je suis né de cette union, sept mois plus tard. Vous savez ce que c'est que de vivre avec une mort sur la conscience ? En me donnant la vie, ma mère a malheureusement perdu la sienne. Parfois je me dis que j'aurais préféré ne pas vivre que j'aurais préféré n'avoir jamais été mis au monde pour qu'elle continue d'exister et que jamais mon père ne me regarde de cette façon. C'est quelque chose que je n'ai jamais dit, à personne. Je n'aime pas me confier, parler de moi, de mes sentiments. Peut-être est-ce parce que j'ai été éduqué par mon père et qu'il ne m'a jamais montré ses sentiments, il ne m'a jamais vraiment parlé comme j'aurais voulu qu'il me parle. Pourtant je voyais absolument tout dans ses yeux, même s'il faisait du mieux qu'il pouvait pour ne rien me montrer je savais ses sentiments à mon égard. Il m'aimait, mais il l'aimait encore plus elle et il aurait préféré que ce soit elle plutôt que moi qui ai survécu. Il osait à peine me regarder dans les yeux. Il m'en voulait. Il m'éduquait pour elle, rien que pour elle, sinon je savais qu'il m'aurait déjà balancé par la fenêtre, parce que c'était trop difficile. Toute mon enfance je me suis posé des questions. Sur ma mère, sur ce regard que me portait mon père. J'étais trop jeune pour comprendre. Tout ce que je savais c'est que j'avais tué ma mère et qu'elle était extrêmement belle. Mais jamais il ne m'a parlé d'elle. J'aurais pourtant tellement voulu. J'ai grandi empli d'ambition. Dès mon plus jeune âge je savais que je voulais écrire, être journaliste, écrivain, poète, ... Cette période de ma vie est loin d'être intéressante. Je m'ennuyais., j'étais encore trop sage, je n'avais pas encore découvert les vraies plaisirs de la vie. J'étais silencieux et peu sociable, je n'avais aucun amis. Les autres me fuyaient comme la peste et je devais avouer que cela ne me déplaisait pas. Je ne savais rien des anciennes activités de ma mère. De toute façon je ne savais rien de ma mère. Ce n'est que plus tard que j'ai su.
«
fils de catin ! »
«
répètes ça ! »
«
t'as bien entendu petit con : fils de putain ! »
«
je vais te tuer. »
Le coup est parti. Le poing serré, j'ai frappé. Encore et encore, de toutes mes forces jusqu'à ce qu'il s'écroule au sol dans un bruit sourd. Jusqu'à ce que son nez pisse le sang et qu'il ne puisse plus bouger, gémissant de douleur. Pensant à tout ce qu'ils disaient sur ma mère lui et ses potes, pensant à leur père en manque des plaisirs charnels qui l'avaient prise sans amour, comme un vulgaire jouet qui assouvissait leurs besoin. Ils déversaient leur haine sur son corps frêle, avec toute la force dont ils étaient capable avant de la laisser comme morte sans oublier de lui cracher dessus. Pute ! Catin ! Voilà comment ils l'appelaient et je ne pouvais les laisser faire. Elle était morte et ils souillaient le rien que je savais d'elle. Alors je frappais, je m'étais promis de faire la peau à tous ceux qui oseraient l'insulter. L'imbécile était toujours à terre, une main protégeant son entre-jambes, l'autre sur son nez ensanglanté. Satisfait je l'ai laissé là, gisant au sol, sans oublier le dernier coup de pied. Certaines personnes me craignaient, craignaient mon regard de glace, ma violence. Je marchais mains dans les poches, m'éloignant de ces pauvres cons, mon regard haineux se posant sur tous ceux qui osaient me regarder. Une main s'est posée sur mon épaule et je me préparais déjà à frapper quand j'ai vu de qui il s'agissait. Fauve. J'ai baissé le poing et les yeux en même temps. Honteux de l'effet qu'elle me faisait à ce moment là.
«
pourquoi es-tu toujours obligé de faire ça ? »
Moi-même je ne connaissais pas la réponse. Je m'y sentais obligé c'est tout. Pour réponse je l'ai embrassée, sans me poser plus de questions. Un baiser passionné et excitant. Mes lèvres enserrant les siennes. Je n'avais jamais osé jusqu'à ce moment là, de peur qu'elle me repousse. Mais elle ne l'a pas fait.
Fauve était à la fois, ma mère, ma soeur, ma meilleure amie, ma confidente, mon ange et l'amour de ma vie. Elle était tout ce que j'avais, elle était tout ce dont j'avais besoin. Dans ses bras j'oubliais tout, plus rien ne me manquait. Mais j'étais jeune, adolescent. C'est celle qui a réussi à me changer. Qui a réussi à faire disparaître cet aspect violent. Elle est une des meilleures choses qui me soit arrivée dans la vie et d'ailleurs je ne comprends pas que cela me soit arrivé. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, malheureusement.
Courant à perdre haleine jusque chez elle je n'en pouvais plus. Pourquoi n'était-elle pas venue à l'endroit de rendez-vous comme convenu ? Jamais encore elle n'avait raté un rendez-vous. Lui était-il arrivé quelque chose ? J'avais attendu une journée entière qu'elle vienne. Mais il m'était vite apparu évident qu'elle ne viendrait pas. Alors je me suis mis à courir. Peut-être était-elle tombée malade ? Je voulais en avoir le coeur net. J'ai ouvert brusquement la porte de son appartement miteux qu'elles habitaient elle et sa mère pour tomber sur une pièce vide. Plus rien. Tout avait disparu. Il n'y avait pas même un mot qui m'était adressé. Et je me suis mis à pleuré comme jamais je ne l'avais encore fait. J'avais perdu la seule chose que j'aimais dans cette vie, la seule chose qui m'était chère.
«
pourquoi ? »
Depuis ce jour je n'ai jamais plus voulu retomber amoureux, mais c'est chose beaucoup plus difficile qu'on le le croit.
Je l'avais suivie, créature tellement magnifique. Et si mystérieuse. Vêtues de vieux chiffons elle n'en paraissait que plus belle à mes yeux. Sa beauté était comme une évidence et mes pas l'avaient suivie sans que j'aie eu le temps de m'en rendre compte. Et j'en suis tombé amoureux, alors que je me l'étais interdit. Ses baisers, ses mains, son odeur. Je l'ai dans la peau et je voudrais que jamais nous ne soyons séparés. Pourtant nous savons que notre amour est impossible.
fêtard, intelligent, drôle, franc, amusant, divertissant, charmeur, séducteur, joueur, attentif, réfléchi, impatient, possessif, provocateur, manipulateur, un peu trop cynique, jaloux, narcissique, démoniaque, sadique, confiant, enfantin, machiavélique, impromptu, menteur.